Des enquêtes et des témoignages sur le terrain révèlent que certains militaires stationnés à Kasindi, poste frontalier stratégique entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, seraient impliqués dans un trafic frauduleux de cacao.

Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2025, l’OPJ Serges Tabasse, policier de la police des mines basé à Kasindi-Lubiriha, a tenté d’intercepter sept véhicules chargés de cacao, escortés par le commandant Karlito et plusieurs militaires des FARDC. Le policier a été violemment attaqué, tabassé et séquestré avant d’être transporté d’urgence au Centre de santé de référence Lubiriha, où il demeure hospitalisé.

Le fonctionnaire délégué du gouverneur militaire à Kasindi, Kambale Barthélémy Sivavughirwa, a confirmé l’existence de ce trafic, condamné fermement les agissements et rappelé à l’ordre les agents cités.

Selon les rapports, plus de 40 pistes longent la rivière Lubiriha et servent de routes secondaires pour le passage de cargaisons de cacao vers l’Ouganda, souvent sous escorte militaire, rendant la surveillance et la sécurisation de cette frontière particulièrement difficiles.

Lors de la parade hebdomadaire rassemblant les services de l’État et des représentants de la société civile, les habitants du quartier Centre ont dénoncé le passage nocturne, dans la nuit du 7 au 8 septembre, de plusieurs camions FUSO transportant illégalement du cacao.

« Nous avons vu des véhicules bien chargés et nous ne savons pas qui facilite tout cela. Pourtant, des mesures ont été renforcées le long des pistes parsemées le long de la rivière Lubiriha », a déclaré un participant, exprimant le désarroi de la population.

Selon un fraudeur contacté par la rédaction, chaque sac de cacao transporté illégalement coûte au moins 1 500 à 2 000 FC, et environ 250 sacs seraient acheminés chaque jour par les pistes secondaires. La circulation illicite serait facilitée par des femmes des autorités militaires et des commerçants venus de Beni, Butembo et de la commune de Bulongo.

Lors d’un dialogue social organisé récemment par les autorités locales et la société civile, un habitant avait déjà dénoncé ce problème :

« Au lieu de se concentrer sur la sécurité, les autorités s’intéressent davantage à la fraude du cacao. Mais comme vos intérêts personnels entrent en jeu, vous vous focalisez sur cela… et les rebelles peuvent en profiter », avait-il lancé.

 

La société civile forces vives continue de dénoncer cette situation inquiétante et appelle à des enquêtes indépendantes pour protéger la population et les ressources locales.

À ce jour, aucune enquête judiciaire indépendante n’a été annoncée, et les mesures disciplinaires à l’encontre des militaires impliqués restent inconnues. Ces pratiques pourraient se répéter sur les nombreuses pistes frontalières, accentuant le risque pour la sécurité locale et régionale.