À l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption, célébrée le 9 décembre, l’Initiative pour la Protection des Droits de l’Homme et la Réinsertion Sociale (IPDHOR) a publié un communiqué dénonçant la montée de l’exploitation illégale des minerais dans l’Est de la RDC et son rôle dans le financement du conflit armé.

L’organisation rappelle que, malgré les mécanismes de gouvernance minière prévus par la loi congolaise, des millions de dollars échappent chaque année au contrôle de l’État. IPDHOR estime que la corruption systémique dans les institutions publiques prive les entités territoriales décentralisées des ressources nécessaires à leur développement, tandis que des réseaux illégaux prospèrent dans les zones instables.

Selon IPDHOR, l’exploitation minière illégale s’est fortement intensifiée avec l’expansion du groupe armé M23, accusé de contrôler plusieurs carrés miniers stratégiques dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Walikale, ainsi qu’à Rubaya, Lugushwa, Numbi, Kalimbi ou Musongati. L’organisation affirme que ces minerais contribuent directement à financer l’économie de guerre du mouvement rebelle, tout en alimentant des violations graves des droits humains, notamment l’enrôlement forcé des jeunes.

Malgré les nombreuses preuves documentées par les ONG, les médias et certaines organisations locales, IPDHOR regrette qu’aucune sanction significative n’ait été adoptée par les partenaires internationaux, parmi lesquels l’Union européenne, l’Union africaine ou les États-Unis. Les minerais provenant des zones contrôlées par le M23 n’ont même pas été classés comme « minerais du sang », souligne l’ONG, qui parle d’un « silence coupable » de la communauté internationale.

IPDHOR accuse ce manque de réaction de favoriser une forme de complicité indirecte, qui permettrait la poursuite du pillage des ressources naturelles et l’aggravation de la crise humanitaire dans l’Est du pays. L’organisation appelle à l’adoption de sanctions ciblées contre les pays, entreprises et acteurs impliqués dans la chaîne d’approvisionnement des minerais issus des zones sous contrôle du M23.

Elle recommande également au gouvernement congolais de cartographier l’ensemble des carrés miniers exploités illégalement, d’améliorer les mécanismes nationaux de lutte contre la corruption et d’assurer une gestion transparente des redevances minières afin que celles-ci profitent réellement aux communautés locales.

Dans sa conclusion, IPDHOR insiste sur la nécessité d’actions coordonnées, fermes et cohérentes pour mettre fin au financement de la guerre par les ressources naturelles et pour protéger durablement les populations civiles de l’Est de la RDC.