Séjournant en Afrique du Sud où il a pris part au sommet du G20, Emmanuel Macron est revenu sur la problématique de la réouverture de l’aéroport de Goma qu’il avait annoncé en marge de la conférence sur la paix dans les Grands Lacs organisée en octobre dernier à Paris.

Le président français a pointé du doigt la responsabilité du M23 dans ce blocage : « Je note que l’effort n’a pas été fait par le M23 et ceux qui détiennent l’aéroport », a-t-il déclaré soulignant que « toutes les conditions administratives ont pourtant été prises par le gouvernement congolais. »

Kigali s'oppose, le M23 pose ses conditions  

En réaction à cette déclaration, le ministre rwandais des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a affirmé "qu’aucun consensus des participants ne s'était dégagé sur la décision péremptoire pour une réouverture immédiate de l'aéroport de Goma lors de la Conférence de Paix dans le Grands Lacs", expliquant que la réouverture d'un aéroport « ne peut dépendre de conditions administratives avancées par la partie au conflit qui ne détient pas physiquement cet aéroport » : « Cette discussion doit naturellement impliquer les autorités de fait qui contrôlent cette zone, ne fût-ce que pour des raisons de réalisme et d'efficacité », a ajouté le chef de la diplomatie rwandaise qui a fait constater que les « conditions administratives » posées par Kinshasa (un aéroport entièrement sous contrôle de la Régie des Voies Aériennes - RAV -, une institution gouvernementale congolaise) « diffère profondément de celles posées par Paris (un aéroport contrôlé, dans un premier périmètre par la MONUSCO, et dans un deuxième par l'AFC/M23). »

Il a enfin soutenu que dans un contexte d'un conflit qui a déjà fait l'objet d'une signature d'un accord de paix, l'ouverture de corridors humanitaires exige le respect préalable du cessez-le-feu signé par les parties en conflit : « Ce ne sont pas les ‘’conditions administratives’’ artificiellement posées par Kinshasa qui pourront faciliter la réouverture de l'aéroport de Goma, mais l'arrêt effectif de bombardements quotidiens, opérés à l'aide d'avions de chasse et de drones d'attaque de Kinshasa, non seulement contre les positions de la partie en conflit qui occupe physiquement cet aéroport, mais aussi contre les villages des populations civiles Banyamulenge », a conclu Olivier Nduhungirehe qui a réitéré que cette problématique doit être traitée dans le cadre du processus de Doha entre le gouvernement congolais et le M23.

Pour rappel, le M23 qui détient le contrôle de l’aéroport de Goma fait de l’occupation du chef-lieu du Nord-Kivu, a réitéré que l’aéroport de Goma ne pourra et sera rouvert uniquement qu’avec son aval et pas celui de Kinshasa.

« Le régime de Kinshasa n’a ni la légitimé, ni le droit d’envisage la remise en service des infrastructures aéroportuaires situées en territoire libéré qu’il avait délibérément pillées et sabotées », a récemment affirmé le mouvement rebelle réagissant au Président Félix Tshisekedi qui a dit vouloir rouvrir partiellement l’aéroport de Goma pour uniquement des vols humanitaires de jours et ce, d’ici la fin de l’année.