Une attaque d’une extrême violence attribuée aux terroristes ADF (Allied Democratic Forces), affiliés à l’État islamique via MTM-ISCAP, a frappé la localité de Komanda, chef-lieu de la chefferie des Basili dans le territoire d’Irumu en province de l’Ituri.

Le drame s’est déroulé dans la nuit du samedi 26 à ce dimanche 27 juillet 2025 entre minuit et une heure du matin selon plusieurs sources locales et humanitaires.

D’après ces dernières, les assaillants sont apparus vers 22 heures dans le quartier de Buliki à l’entrée de la paroisse catholique Saint-Anuarite, où ils ont ouvert le feu sur des civils, avant de piller des commerces, incendier plusieurs bâtiments semant ainsi la panique.

Ils auraient également attaqué une église proche du centre commercial, selon l’armée : « Une incursion des ADF a eu lieu dans une église non loin du centre commercial de Komanda. Jusqu’à là, le bilan n’est pas encore établi », a confirmé le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’armée congolaise en Ituri.

Et selon les sources civiles, le bilan provisoire fait état de 31 morts, tous des civils, dont des déplacés de guerre et des membres d’un groupe de croisés catholiques qui participaient à une réunion spirituelle au moment de l’attaque.

De nombreux blessés ont également été acheminés dans des structures de santé dans cette zone : « Les ADF ont probablement passé plusieurs nuits à Komanda car il n’y avait aucune trace de leur présence avant l’attaque », a avancé un rescapé contacté sur place indiquant que les assaillants ont également attaqué le centre commercial stratégique d’Irumu.

Aussi, des corps ont été retrouvés dans la salle de Caritas et sur la route principale du centre.

Un camion appartenant à un opérateur économique de Oicha figure également parmi les biens détruits dans le quartier de Buliki qui a été particulièrement ravagé.

Un précédent douloureux et une infiltration silencieuse

Cette attaque survient trois ans après un autre massacre dans le quartier voisin de Bogi, où des déplacés de guerre avaient été tués dans une église de la CECA 20.

Cette récurrence d’attaques inquiète les habitants, d’autant plus que cette fois-ci, selon des témoins, aucune rumeur ni signe d’alerte n’a précédé l’attaque : « Les attaques des ADF sont souvent précédées par des rumeurs, mais cette fois-ci, personne n’a vu de trace de l’ennemi. Ils avaient probablement déjà infiltré la ville depuis plusieurs jours », rapporte un autre rescapé.

Un appel à la protection de la population

La CRDH/Irumu (Convention pour le Respect des Droits Humains), par la voie de son coordonnateur Christophe Munyanderu, a condamné fermement cette attaque qu’il qualifie de « crime odieux contre des civils innocents » : « Des maisons ont été incendiées, des biens de grande valeur détruits, et la population civile une fois de plus laissée sans protection face aux terroristes ADF. Nous exigeons une réponse sécuritaire proportionnée et la protection urgente des populations », a-t-il déclaré dans une publication sur les réseaux sociaux.

Contexte

Les ADF, d’origine ougandaise, sont actifs dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri où ils sont accusés de massacres à répétition, souvent ciblés contre des civils.

Ils sont également responsables du massacre de plusieurs centaines de personnes au cours des dernières années.

Affiliés à l’État islamique via l’ISCAP, ils mènent une guerre asymétrique dans la région, avec des attaques de type guérilla, notamment contre des zones civiles faiblement protégées.