L’aéroport international de Goma, fermé depuis le mois de janvier 2025, pourrait bientôt rouvrir ses portes grâce à une initiative française soutenue par Kinshasa à des fins humanitaires.

Cette ouverture vise à faciliter l’acheminement de l’aide pour des milliers de civils déplacés dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Cependant, la reprise des vols reste incertaine. Le mouvement rebelle du M23 et son principal soutien, le Rwanda, continuent de s’opposer à cette démarche soulevant des enjeux militaires et politiques qui dépassent largement la simple assistance humanitaire.

Selon le journaliste indépendant Daniel Michombero, le blocage du site traduit avant tout la volonté du M23 de « préserver un avantage stratégique. »

« Les rebelles et leurs alliés ont déployé des systèmes de défense anti-aérienne — canons, MANPADS ou SHORAD — pour neutraliser la supériorité aérienne des FARDC et protéger leurs positions ainsi que les villes sous leur contrôle », affirme-t-il affirmant que la réouverture de l’aéroport, même pour des vols humanitaires, impliquera le retrait de ces dispositifs autour de la piste, exposant le M23 à d’éventuelles frappes congolaises. 

« Les rebelles se trouvent pris entre la nécessité d’une reconnaissance de facto pour l’accès humanitaire et la nécessité de maintenir leur sécurité militaire », poursuit Daniel Michombero qui avance que bloquer l’accès aérien reste pour eux un levier politique et stratégique pour dicter le rythme des négociations et maintenir la pression sur la communauté internationale.

Il explique également que pour Kinshasa, l’ouverture de l’aéroport est avant tout une question d’urgence humanitaire.

« Des milliers de civils déplacés dépendent de l’aide extérieure, et l’infrastructure constitue une ligne de vie essentielle. Cette décision traduit également un compromis de souveraineté : accepter une médiation internationale dans une zone que l’État revendique revient à admettre son incapacité à sécuriser pleinement le site », souligne Daniel Michombero,

Au-delà de la sécurité et de l’aide humanitaire, le journaliste rappelle que le Rwanda utilise le blocage comme outil de pression diplomatique, notamment sur la question des FDLR.

De plus, l’aéroport constitue un centre vital pour les flux économiques et logistiques du Nord-Kivu, que le M23 cherche à contrôler, même temporairement.

« L’aéroport de Goma est aujourd’hui au centre d’une équation où l’impératif humanitaire se heurte aux considérations militaires et aux calculs diplomatiques. Chaque vol devient un symbole de pouvoir et de souveraineté dans une région où la paix reste fragile », conclut Daniel Michombero.