La neutralisation des combattants FDLR présents en RDC, adoptée lors de la troisième réunion du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité dans le cadre de l’accord de Paix de Washington entre la RDC et le Rwanda, risque de ne pas aboutir.
Et pour cause, une faction des FDLR-FOCA rejette catégoriquement tout désarmement : « On doit juger la cause de notre lutte armée. Nous sommes là pour nous protéger et protéger les réfugiés rwandais abandonnés. Remettre les armes sans que toutes les conditions soient réunies, c'est une utopie », a déclaré sur RFI son porte-parole, le lieutenant-colonel Octavien Mutimura.
Face à la menace d'une opération militaire conjointe, ce dernier se veut ferme : « Quand on est dans le feu, on ne peut pas redouter d'être attaqués. Nous sommes parmi les cibles de Kigali. Nous résisterons jusqu'à ce que Kigali admette un dialogue inter-rwandais et un retour des réfugiés en toute dignité », poursuit-il affirmant que les FDLR sont également la cible de l'AFC/M23.
Enfin, il appelle les médiateurs qatariens et américains à accentuer la pression sur Kigali : « Il faut qu'ils mettent la pression sur Paul Kagame pour avoir un dialogue inclusif entre Rwandais. La solution en Afrique centrale, c'est que les présidents s’asseyent et se parlent en toute franchise, pour que les peuples de la région vivent en paix et en symbiose », conclut Octavien Mutimura.
Pour rappel, les FARDC, après avoir collaboré un temps avec les combattants des FDLR, ont appelé ces derniers à déposer les armes et à se rendre en vue de leur rapatriement au Rwanda, signifiant qu’en cas de résistance et de refus d'obtempérer, « elles procéderont au désarmement par contrainte ou par usage de la force. »
Et depuis, l’armée congolaise multiplie des opérations de sensibilisation à la reddition des FDLR dans les territoires de Walikale, à Pinga et celui de Rutshuru au Nord-Kivu.
Il faut dire que depuis deux décennies, plusieurs initiatives ont tenté de régler la question des FDLR.
En 2001, un premier processus avait conduit au désarmement et au cantonnement des combattants à Kamina, ainsi qu'à la destruction publique d'armes à Kinshasa, en présence de la communauté internationale.
En 2014, plus de 1 500 combattants avaient remis leurs armes à la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et à la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO), avant d'être cantonnés, avec leurs familles, dans les camps de Kisangani, Kanyabayonga et Walungu, toujours sous supervision internationale.
La même année, une réunion de Rome, organisée sous la médiation de la Communauté Sant'Egidio et représentée par le cardinal Matteo Maria Zuppi, avait réuni des représentants des États-Unis, de l'Union européenne, des Nations unies et du gouvernement congolais, dans une nouvelle tentative de dialogue et de démobilisation du mouvement.
Et de 2009 à 2015, plusieurs opérations militaires conjointes entre les FARDC, les Forces rwandaises de défense (RDF) et la MONUSCO ont été menées dans l'Est de la RDC, conjointement ou avec seulement les FARDC.
Parmi elles : Umoja Wetu, Kimia I et II, Amani Leo, Amani Kamilifu ou encore Sokola II. Ces offensives ont provoqué des centaines de milliers de déplacés et de nombreuses pertes civiles, sans jamais régler définitivement la question.
Reste à savoir comment va se dérouler la nouvelle campagne de lutte traque des FDLR, et comment se passera la collaboration entre les FARDC et les RDF, et quel rôle jouera l'AFC/M23.