Alors qu’on attend encore le prononcé de la haute cour militaire dans le procès contre Joseph Kabila, accusé entre autres de crimes de guerre et la trahison ; ce dernier s’est exprimé pour la toute première fois dans cette affaire dans laquelle l’auditeur Général des FARDC a requis la peine de mort à son encontre.

Dans une déclaration rapportée en exclusivité par Jeune Afrique, l’ancien Président congolais dénonce « des accusations mensongères » et un pouvoir « incapable d’assumer la responsabilité de ses échecs » : « Le faux procès contre ma personne, l’arrestation de nombreux hauts cadres de l’Etat civils et militaires et la gouvernance imprudente en cours dans le pays ne sont pas des événements isolés. Ce sont des symptômes d'une crise plus profonde de leadership, de justice et de direction nationale », soutient-il.

Comme avancé par son camp, Joseph Kabila affirme que le Sénat a levé illégalement et en violation de la Constitution ses immunités parlementaire en tant qu’ancien Président de la République et Sénateur à vie.

Il rappelle que celles-ci sont une garantie constitutionnelle conçue pour éviter, dans le chef de tout Président de la République en exercice, « la tentation de s'accrocher indéfiniment au pouvoir par crainte de poursuites judiciaires infondées une fois qu’il aura quitté ses fonctions. »

« Cette décision sans précédent a ainsi permis à un tribunal militaire de Kinshasa d’engager des poursuites contre ma personne pour des accusations de trahison, de crimes de guerre, de meurtre, de viol, de torture, de soutien à des insurrections armées et de complicité avec l'AFC/M23 », poursuit-il estimant que ces accusations sont politiquement motivées.

Pour lui, ceci est attesté par le fait que, tout au long du procès, « aucun élément de preuve n'a été présenté pour soutenir lesdites accusations. »

« Ce procès ne procède pas d’un quelconque souci de justice. Il s’agit d’une stratégie pour faire taire l’opposition dans son ensemble et d’une tentative pour écarter un leader politique majeur de la scène nationale, afin de permettre au régime de gouverner sans contestation et indéfiniment, comme en témoigne la récente tentative de modifier la constitution à cette fin », conclut-il.

Pour rappel, plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer la poursuite de ce procès qualifié de « mise en scène théâtrale. »

Bertrand Bisimwa, Président du M23 et coordonnateur adjoint de l'AFC, la plateforme politico-militaire qui parraine son mouvement rebelle, avait signifié que ce procès constitue une violation de la déclaration de principes de Doha qui recommande la libération les détenus poursuivis pour collaboration présumée avec son mouvement rebelle, et laisse place à un véritable lynchage médiatico-judiciaire de Joseph Kabila dont il réfute toute appartenance ou collaboration avec l’AFC/M23, même si ce dernier séjourne librement dans la zone sous son contrôlé.