Dans la nuit du 27 juillet 2025, la paroisse catholique de Komanda en territoire d’Irumu dans la province de l’Ituri a été le théâtre d’une attaque sanglante attribuée aux terroristes ADF/ISCAP, affiliés à l’État islamique.

Au moins 41 personnes ont été tuées lors de cet énième massacre contre la population civile, parmi lesquels des fidèles réunis pour une veillée de prière.

Des commerces ont également été incendiés et plusieurs civils enlevés.

Un rapport détaillé de l’African Security Analysis (ASA) publié ce 31 juillet revient sur le déroulé, les objectifs et les failles sécuritaires ayant conduit à ce massacre.

Une opération planifiée en trois phases avec des objectifs stratégiques bien précis

L’ASA révèle que l’attaque s’est déroulée après trois semaines d’infiltration depuis le triangle Pakango–Subi–Mukasia.

Les terroristes ont traversé la région en se faisant passer pour des commerçants ou des agriculteurs, dissimulant leurs armes jusqu’au moment de frapper.

Le soir du 26 juillet, une diversion a été créée à l’ouest de Komanda, tandis que le groupe principal s’introduisait dans l’église Sainte-Bienheureuse-Anuarite.

Les tueries ont débuté à la machette avant que des tirs ne couvrent le pillage de commerces aux alentours.

L’ASA explique par également que cette attaque visait plusieurs objectifs dont l’instauration d’un climat de terreur à connotation religieuse, le pillage des ressources logistiques (nourriture, carburant, argent) ; ce qui a été possible avec une diversion pour permettre le déplacement sécurisé d’un médecin étranger en route vers la cache de Musa Baluku, chef des ADF/ISCAP, retranché dans la brousse, toujours dans le territoire d’Irumu.

Le 28 juillet dernier, deux motards ont été décapités à Sokotano dans une manœuvre de brouillage de piste poursuit l’ASA qui alerte sur la planification en cours de nouvelles attaques dans les centres urbains, jusqu’à Kinshasa.

Des failles sécuritaires qu’il faut corriger

Malgré des alertes « drapeau rouge » envoyées aux autorités militaires dès début juillet, aucune mesure préventive efficace n’a été mise en œuvre selon African Security Analysis qui pointe l’absence de coordination entre les FARDC, la police et les communautés locales, ce qui laissé le champ libre aux assaillants.

Pour éviter une nouvelle tragédie, l’ASA recommande entre autres, la mise en place de comités d’alerte communautaires, la sécurisation des axes économiques, la protection armée des lieux de culte, la création de comités civilo-militaires, et la restauration de l’autorité administrative locale.

Elle insiste également sur la nécessité de rétablir la confiance entre les populations et l’armée, par des patrouilles conjointes, des dialogues communautaires et une communication inclusive.

Toutefois, l’ASA avance que l’attaque de Komanda démontre que les ADF/ISCAP conservent la capacité de frapper avec violence dès qu’une brèche sécuritaire s’ouvre.

Et face à cette situation, il estime qu’il est crucial de réduire le délai entre les signaux d’alerte et la réponse sur le terrain, si l’on veut prévenir de futures tragédies : « Les signaux d’alerte étaient clairs. Les ignorer à nouveau pourrait permettre aux insurgés de frapper plus loin, peut-être même à Kinshasa », conclut l’African Security Analysis.