La filière cacao, culture pérenne et stratégique pour le Nord-Kivu, fait face à un phénomène de fraude récurrent au poste frontalier de Kasindi-Lubiriha, frontière naturelle avec l’Ouganda. Malgré les efforts de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) pour contrôler la commercialisation et l’exportation, des camions chargés de cacao continuent de circuler illégalement, souvent la nuit, échappant aux contrôles des autorités.

Ce lundi 8 septembre, lors de la parade hebdomadaire, qui rassemble services de l’État et représentants de la société civile, les habitants du quartier Centre ont dénoncé le passage nocturne, dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 septembre, de plusieurs camions FUSO transportant illégalement du cacao.

"Nous avons vu des véhicules bien chargés et nous ne savons pas qui facilite tout cela. Pourtant, des mesures ont été renforcées le long des pistes parsemées le long de la rivière Lubiriha", a expliqué un participant à la parade, exprimant le désarroi de la population face à ce phénomène.

Le chef de poste de l’Office National des Produits Agricoles du Congo à Kasindi, M. Justin Kakule, est chargé de superviser les opérations de contrôle et de lutter contre la fraude. Selon des sources locales, la circulation illicite de cacao serait facilitée à la fois par des femmes des autorités militaires et par des commerçants venus de Beni, Butembo et de la commune de Bulongo, profitant de la proximité des pistes secondaires le long de la rivière Lubiriha.

Lors d’un dialogue social organisé vendredi dernier par les autorités locales et la société civile, un habitant avait déjà dénoncé ce problème :

"Au lieu de se concentrer sur la sécurité, les autorités s’intéressent davantage à la fraude du cacao. Mais comme vos intérêts personnels entrent en jeu, vous vous focalisez sur cela… et les rebelles peuvent en profiter."

Les observateurs soulignent que la persistance de ce trafic illustre un double problème : le manque de contrôle effectif aux frontières et les complicités locales qui minent les efforts de l’État. Pour une filière aussi stratégique que le cacao, cette situation représente non seulement une perte économique pour la RDC, mais aussi un risque sécuritaire, puisque des fonds illégalement générés peuvent alimenter des groupes armés opérant dans la région.

À Kasindi-Lubiriha, le défi pour les autorités reste donc majeur : assurer la sécurisation des routes et des postes frontières, tout en réprimant les complicités locales qui permettent à la fraude de prospérer. Le chef de poste de l’ONAPAC, M. Justin Kakule, affirme poursuivre ses efforts malgré ces obstacles, mais le succès de cette mission dépendra aussi de la mobilisation de toutes les forces de sécurité et de la société civile.