L’administrateur du territoire de Beni le colonel Charles Euta Omeonga a lancé vendredi 15 Mars de l’année en cours au poste frontalier de Kasindi, le processus de distribution des parcelles dans la partie dite Congo Ya Sika au poste frontalier de Kasindi conflictuelle avec l’institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) sur les limites du parc national des Virunga. L’autorité territoriale a indiqué que, au-moins 1500 personnes dont la plupart sont des déplacées de guerre vont bénéficier de ces parcelles où ils logeront.

Dans une interview accordée à la presse ce même vendredi, le colonel Charles Euta Omeonga avait indiqué qu’il y a déjà un accord provisoire entre l’Etat congolais et l’ICCN.

« Que les gens soient stables, il n’y a rien à craindre, il y a déjà un protocole d’accord avec l’ICCN malgré la limite provisoire mais c’est déjà un acquis pour nous… » A-t-il indiqué.

Dans un appel téléphonique avec un cadre de l’institut congolais pour la conservation ce dimanche 17 mars 2024, qui a réagi sous anonymat fait savoir qu’il y a jamais eu protocole d’accord allant dans le sens de distribuer les parcelles dans la partie Congo Ya Sika.

« C’est d’abord une violation de la loi et au-delà de ça , c’est déjà même aller à l’encontre du communiqué du 06 Janvier 2024 parce que c’était pas question de déclasser cette partie mais question de prévenir l’envahissement alors si les autorités ont déjà déclassé cette partie , elles n’ont qu’en s’assumer et l’ICCN ne peut pas s’y prononcer… »

A lui de poursuivre : « La partie n'est pas déclassée. Une autorité responsable devrait se tenir à l'écart d'octroyer des titres fonciers avant que le gouvernement ne puisse se prononcer. Les communiqués de 2022 et du 06 Janvier 2024 sont clairs. La clôture électrique est une mesure pour stopper l'évolution des envahissements en profondeur du parc, prévenir les attaques des populations qui occupent cette partie du parc par les animaux du parc et sur le plan sécuritaire, la clôture électrique vient appuyer les services de sécurité à barrer l'accès rapide aux ADF qui faisaient incursion à Lubiriha. »

Cette personne ressource pense que : « Je pense que le rôle que jouerait l'AT, d'ailleurs pas lui car c'est une question que peut régler un chef de village ou le fonctionnaire délégué du gouverneur, c'est de repartir les gens qui étaient sur la partie sauvée par l'ICCN sur des espaces vides se trouvant dans la partie en étude au parlement. L'AT ainsi que les élus du territoire de Beni allaient forcer le gouvernement à déclasser cette partie moyennant un rapport. »

Elle estime par ailleurs que : « Sa présence à Lubiriha, les actes qu'il est entrain de poser sous prétextes que d'aucun n'ignore sont illégales.. »

Le parc national des Virunga fait face à quelques menaces et le classant parmi le patrimoine en péril, c’est notamment l’augmentation du braconnage, l’incapacité du personnel d’assurer la surveillance des 650 Km de limites du parc, l’arrivée massive des milliers des déplacés et réfugiés occupants des zones adjacentes au parc (cause de la surpopulation) et une importante déforestation des basses terres.

Crée en 1925 sous l’appellation d’Albert et prenant quelques années après son identité actuelle (Virunga) ce patrimoine inscrit depuis les années 1979 sur la liste des patrimoines du monde constitue une source permanente de conflits. « Afin d’élucider la conversion des aires protégées du PNVi en espaces disputés où des conflits se transforment souvent en violences, des enquêtes, réalisées essentiellement sous forme d’entretiens semi-guidés, ont été menées, de mars 2009 à novembre 2017, auprès de plus de deux cents personnes. Ces enquêtés appartiennent à l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, à des institutions populaires formelles et informelles (notabilités coutumières, chefs terriens, associations paysannes des agriculteurs et des pêcheurs, groupes de "développement" et individualités identifiées comme meneurs des groupes) et à d’autres institutions engagées dans le développement local, comme des organisations non gouvernementales et des comités locaux de commerçants et des confessions religieuses » .