Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC a une nouvelle fois mis en cause le Rwanda dans la guerre à l’Est du pays, affirmant que Kigali n’a eu de cesse de soutenir le M23.

D’après ce rapport, au moins 6.000 les soldats rwandais dont des membres des forces spéciales, ont été déployés en RDC entre janvier et février dernier dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu.

Selon ce rapport, les dirigeants militaires et politiques de l'AFC/M23 continuent de recevoir des instructions et le soutien du gouvernement rwandais et de ses services de renseignement : « Le commandement militaire général de l'AFC/M23 est resté sous la responsabilité de Sultani Makenga et la direction politique sous celle de Bertrand Bisimwa et Corneille Nangaa. Le Rwandais-Congolais Fred Ngenzi Kagorora et le général de brigade Patrick Karuretwa ont maintenu des contacts fréquents avec Makenga, Bisimwa et Imani Nzenze », explique ce groupe d'experts dans ce rapport qu’il a soumis au comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Ce rapport affirme par ailleurs que Corneille Nangaa, initialement présenté comme le visage politique devant congoliser le mouvement rebelle, « a été progressivement mis à l'écart par le Rwanda »

Il avance que cela découle principalement par l'ambition personnelle de Nangaa de prendre le pouvoir à Kinshasa par la force alors que le Rwanda et le M23 « ne sont pas favorables à une campagne militaire visant Kinshasa », même s’ils souscrivent à l'idée d'un changement de régime.

Des tensions internes au sein de l'AFC/M23

Aussi, le groupe d’experts de l’ONU affirme que des tensions internes sont apparues au sein de l'AFC/M23, suite à des nominations internes contestées et par l'annonce controversée du retour de l'ancien président Joseph Kabila dans la zone sous son contrôle : « Ces tensions ont ravivé les divisions entre factions historiques rwandaises et ougandaises. Afin de restaurer la cohésion et de renforcer le soutien populaire à l'AFC/M23, le gouvernement rwandais aurait prévu de nommer Laurent Nkunda sous le coup de sanctions, à un poste important au sein de l'AFC/M23 », soutient le groupe d'experts des Nations-Unies qui indique par ailleurs que certains leaders de l'opposition ou hauts gradés des FARDC, sans adhérer officiellement à l'AFC/M23, ont été en contact direct avec Corneille Nangaa, Kigali et Kampala ; expliquant également que le gouvernement congolais s’est appuyé de son côté sur les combattants FDLR.

Enfin, l’Ouganda est également épinglé pour son soutien à Thomas Lubanga et Innocent Kaina, tous deux sanctionnés par l’ONU, et qui ont créé chacun un mouvement politico-militaire avec l'objectif déclaré de s'opposer au régime en place en RDC.

Le Rwanda réfute les allégations à son encontre et brandit la menace des FDLR

Réagissant au dernier rapport du Groupe d'experts des Nations Unies sur la RDC, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yollande Makolo, qui a rejeté les allégations formulées contre Kigali, notamment sur le pillage des minerais stratégiques en RDC, a avancé que ce rapport confirme le soutien de l'État congolais aux combattants FDLR ajoutant que ceux-ci restent une menace pour la sécurité du Rwanda : « Ce rapport confirme la dépendance de l'armée congolaise à l'égard des FDLR comme force de combat de première ligne. Il déforme cependant délibérément les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda liées à la menace persistante des FDLR et de leurs groupes affiliés, qui nécessite un dispositif défensif dans nos zones frontalières », a-t-elle écrit sur X.

Elle a indiqué dans le même temps que suite à la signature de l'accord de paix entre la RDC et le Rwanda, sous la médiation des Etats-Unis, « Kigali est pleinement engagé dans sa mise en œuvre, y compris la neutralisation des FDLR » ; ce qui, soutient-elle, « permettra la levée des mesures défensives du Rwanda, le retour en toute sécurité des réfugiés dans leurs régions d'origine et l'instauration d'une stabilité indispensable dans notre région.