Ce jour-là, 9 août comme aujourd’hui, mais en 2000, le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba coule le ferry qui transporte des centaines d'hommes de la 10ème brigade d’élite de Laurent-Désiré Kabila.

Stimulé par cette victoire, Jean Pierre Bemba menaça de marcher sur Kinshasa.

Depuis la signature de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka (en juillet 1999), les différentes forces en jeu dans le conflit congolais s'étaient heurtées sur tous les fronts. Partout, des combats moins conventionnels étaient à déplorer.

Dans l’Equateur, les forces du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba avaient marché vers l’ouest devant les contre-offensives répétées des Forces Armées Congolaises (FAC) de Laurent-Désiré Kabila.

Sur le front du Kasaï central, les Rwandais s'étaient accrochés avec leurs opposants pour resserrer l’étau autour de Mbuji-Mayi.

Sur le front du sud du Katanga, les FAC et leurs alliés avaient plusieurs fois tenté une percée vers le Lac Tanganyika et vers les Kivus.

Dans le Kivu oriental, les agents de Kinshasa avaient encouragé la résistance contre l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) et cherchaient à menacer le territoire rwandais lui-même. Armés en conséquence par LD Kabila, les Interahamwe s'étaient renforcés.

Enfin, les milices "maï maï", d’origine plus traditionnelle, qui proliféraient dans la région depuis l’Accord de Lusaka, avaient également profité de la situation.

Le MLC qui n’était qu’un groupe hétéroclite de 154 combattants, comptait, en août 2000, plus de 6.000 hommes.

Le MLC contrôlait désormais l’essentiel de la province de l’Équateur. Grâce au soutien constant de la Uganda People's Defence Force (UPDF), les troupes du MLC avaient poursuivi leur avancée, jusqu’à menacer la ville stratégique de Mbandaka, sur le fleuve Congo.

La chute de cette ville, située à l’embouchure de la rivière Ruki et de ses affluents navigables, risquait d’entraîner l’effondrement des Forces Armées Congolaises et des forces alliées dans tout le nord du pays.

En outre, les ferries et l’aérodrome, s’ils étaient épargnés par les combats, serviraient de tremplin vers Kinshasa, qui n’était qu’à quelques jours de navigation.

Depuis l’Accord de Lusaka, LD Kabila avait lancé 2 offensives d’envergure en Équateur, le long de l’Ubangi.

Son objectif était de contrer cette menace. La 1ère, de mi-octobre à mi-décembre 1999, n’a permis qu’une faible progression.

La seconde, entamée en mai 2000, a été plus heureuse, dans un premier temps du moins. Début août 2000, les FAC avaient avancé de près de 200 km vers le nord

Puis, coup de théâtre, ce 9 août, le MLC coule le ferry qui transporte plusieurs centaines d’hommes de la 10è brigade d’élite de Kabila, totalement débordée.

La résistance des FAC faiblit et, avec l’appui de l’artillerie de l’UPDF, JP Bemba reprit le terrain.

Stimulé par ces victoires, JP Bemba menaça de marcher sur Kinshasa. Le 1er octobre à Gemena, en Équateur occidental, devant une foule de plusieurs milliers de partisans célébrant le second anniversaire de la création du MLC, JP Bemba déclarait :

"(Kabila) ne comprend que le langage de la guerre, nous lui tiendrons donc ce langage", précisant que, dans cette perspective, la première phase consistait à attaquer Mbandaka. S’adressant toujours à la foule, il va poursuivre :

"Nous avons les moyens d’entrer dans la ville et demain, vous apprendrez que Mbandaka est tombée aux mains du MLC".

A quoi la foule va répondre : "Mbandaka doit tomber".

(Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd)