Tout en saluant la volonté du Chef de l’Etat visant impérativement à ramener la paix et la stabilité à l’Est de la RDC, qu’il nous soit permis à ce jour de vous partager en toute modestie citoyenne et amour que nous vouons à la RDC notre irremplaçable et beau Pays, nos observations relatives à l’Etat de siège décrété depuis le 01 mai 2021 ;  

A partir des années 1990, l’Est de notre pays vit dans une instabilité sociale, économique, politique et sécuritaire. Celle-ci sera amplifiée par l’arrivée massive des réfugiés Rwandais en 1994 et les guerres successives des rebellions et groupes armés qui  suivront. Depuis lors, plusieurs efforts seront déployés par le gouvernement pour ramener la paix et la stabilité hélas sans succès ; 

Au énième effort fourni, les expériences infortunées du passé devraient nous servir afin de  déboucher sur des solutions durables et irrévocables. Dès lors, appréhender une fois de plus  le problème sécuritaire qui secoue l’Est de la RDC depuis plusieurs décennies sous l’unique aspect militaire (groupes armés), est une démarche perdue d’avance car semblablement,  l’avant et pendant l’état de siège risquent dangereusement d’être égaux à l’après état de siège, le mal étant plus qu’une simple affaire des groupes armés ; 

Tenez, gouverner un peuple, c’est le connaitre et maîtriser ses aspirations les plus profondes. La population de l’Est de la RDC et en particulier celle du Nord Kivu est parmi le peu de notre pays à être très créative et plus dynamique, autrement dit, elle a le sens de l’initiative et de l’auto prise en charge, cela dit, la laisser sans solution à un problème donné, la pousse à chercher la solution par d’autres mécanismes qu’importe illégales, d’où d’ailleurs l’intérêt qu’a eu le colonisateur en semant la division entre cette population pour arriver à la contenir. Maintenant que nous sommes un Etat, cela ne nous profite pas ;

En effet, pour le peu que l’on sache l’aspect ‘groupes armés’  de l’insécurité à l’Est de la RDC est en grande partie consécutif à l’inconstance dans notre façon de faire et aux frustrations que l’on peut regrouper brièvement sous quatre points dont :

  1. Les frustrations Sociales: nous pouvons citer brièvement :la crise identitaire et la paupérisation des masses; mise en place délibérément par le colon divisant ainsi les peuples afin de les exploiter mais qu’hélas à l’heure du Congo-Etat, l’autorité n’a pas défini une authentique politique visant la restauration de la cohésion entre peuples, l’équilibre social et l’identité nationale congolaise ce qui créa dans les faits, d’une part des Congolais de première zone et d’autre part ceux de seconde zone, avec comme conséquence directe les frustrations qui poussent certains groupes à prendre les armes ou toute autre subterfuge soit pour se confirmer Congolais en  chassant les autres  sous prétexte d’être des étrangers mais qu’en réalité l’objectif étant le positionnement politique et l’accaparement de leurs biens,les exemples sont nombreux dans Goma, Masisi, Rutshuru et Beni. Ensuite, devant cette tyrannie et stigmatisation, les autresgroupes se défendent aussi, ce qui crée des dissensions intercommunautaires provoquant ainsi le déplacement des populations qui deviennent par la suite des déplacés internes et refugiés. Ces derniers, n’ayant plus rien à perdreils se font recruter continuellement dans les groupes armés, un véritable cycle infernal. A ceci s’ajoute le problème d’accès à l’emploiet auxmarchés publicsou certaines entreprises publiques et privées, des organisations gouvernementales et non gouvernementales, confient des marchés ou embauchent en majorité et ou à des postes clés, des personnes venant d’autres provinces au détriment des mêmes compétences localesen plus du fait que d’autres groupes du Nord Kivu ne sont pas permis de travailler dans d’autres coins de la province ou du Pays.
  2. Les frustrations Politiques : ‘’la politique étant l’art d’administrer la cité’’, elle se doit d’être clairvoyante pour assurer le bien-être de la population. Dans bien de domaines -l’absence de l’autorité de l’Etat est plus que perceptible au Nord Kivu, ceci pousse certains individus ou groupes à imposer leur loi à l’absence de celle de l’Etat et les conséquences subséquentes sont désastreuses, ‘’nous avons parlé ci-haut du sens de l’auto prise en charge’’, le cas des certains cités et villages sans service de police. Il s’en suit - l’absence d’un mécanismeconsensuel et institutionnalisé de partage du pouvoir à tout le niveau entre fils et filles du Nord Kivu où l’on assiste passivement à la monopolisationdu pouvoir politique, économique et social de la province entre les mainsd’un seul groupe ethnique majoritaire au détriment des autres groupes aussi importants, ce qui provoque chez les derniersune éviction du fait de la non-participation à la gestion de la chose publique et en conséquence, la recherche des solutions y relatives à l’exemple de l’appel d’une partie de la population du Nord Kivu qui demande carrément la scission de la province du Nord Kivu en deux provinces en vue de lui permettre à l’instar des autres de participer à la gestion et à la définition de son avenir ce qui est légitime. Nous pouvons souligner également,le tripatouillage des pouvoirs coutumiers, la mauvaise gestion des démobilisés qui regagnent leurs groupes armés après en avoir déserté. Le manque de collaboration agissante et de communauté d’intérêts sur le sujet avec les pays originaires des combattants de ces groupes armés étrangers qui nous limite quant à la maîtrise de leurs modes opératoires ainsi que leurs motivations. Le problème lié à la rétrocessiondu fond alloué au budget de la province qui handicape son fonctionnement. La coexistence des camps militaires et prisons centrales aux cotés et ou à l’intérieur des cités. Le non casernement des policiers et militairestout ceci favorisant le banditisme et crimes organisés par les dépositaires de la force publique dans les cités. L’exode rural non encadré, …
  3. Les frustrations Judiciaires: ‘la justice élève une nation dit-on’, l’absence d’une justice forte et acquittable est parmi les causes profondes qui plombent la sécurité au Nord Kivu. Une justice gangrenée par la corruption, le clientélisme l’affairisme et l’instrumentalisation politico-judiciaire particulièrement dans le domaine foncier et l’impunité ne font qu’encourager le recours au règlement de comptes caractérisé par les assassinats, enlèvement et autres sévices, (70% d’affaires pendantes devant les cours et tribunaux du Nord Kivu sont relatives aux conflits fonciers) ;
  4. Les frustrations économiques : tout en étant très entreprenante, il se fait que dans la plus part de casl’autorité n’accompagne pas assez cette population qui se voit subir sur le marché la concurrence des produits étrangers à bas prix, les agriculteurs et éleveurs obligés de vendre leurs productions agropastoraux à l’étranger au prix de l’acheteur, les mesures douanières parfois particulières au Nord Kivu qui favorisent la fraude, l’utilisation des groupes armés et obligent parfois certains commerçants à dédouaner leurs marchandises dans une autre province et ensuite la ramener au Nord Kivu, l’affairisme civil et politico-militaire dans l’importation des marchandises qui déséquilibre les chances des autres sur les marchés.L’insécurité dans les villages qui réduise la productivité de la population et accroit le chômage facteur favorisant entre autres l’enrôlement dans les groupes armés ;

Le mal étant profond, le peu que nous venons de citer ne fait que renforcer la méfiance vis-à-vis de l’autorité et en conséquence, l’enrôlement et le soutien directe ou indirecte aux groupes armés.  Loin de nous le pessimisme ou le sectarisme, mais tel est la triste réalité du Nord Kivu. En faisant donc une analyse approfondie des maux qui secouent l’Est de la RDC on comprend dès lors que cet état de siège devrait être un dernier recours au profit duquel nous avons l’obligation de faire tous ce qui est en notre pouvoir pour son aboutissement radieux, puisque si nous échouons une fois de plus, alors cette partie du pays risque d’échapper dangereusement au contrôle de l’Autorité de l’Etat.

Voilà pourquoi nous recommandons quelques mesures que voici :

  1. Mettre à la disposition du Gouverneur Militaire du Nord Kivu les moyens conséquents et des troupes bien recyclés et briefés sur leurs missions au fin d’anéantissement de tous les groupes armés ;
  2. Châtier sévèrement tout citoyen, qui verse dans les paroles et actes à caractère tribal ;
  3. Faire appel à l’aide internationale si nécessaire au fin de la réinstallation des déplacés internes et refugiés disséminés à travers la région, un problème à prendre très au sérieux ;
  4. Inviter l’Etat, les entreprises et les ONG à soutenir les initiatives locales, la formation technique des jeunes et inciter plus au moins 80% l’embauche des locaux ;
  5. Raffermir l’autorité de l’Etat, la rétrocession du budget de la province régulièrement et à temps certain ainsi que la gestion rigoureuse du dossier des démobilisés ;
  6. Convoquer et ce, avant la fin de l’Etat de siège, toute les forces vives du Nord Kivu dans une conférence provinciale souveraine ayant pour objet la définition et l’adoption du nouveau mode de gestion et partage du pouvoir entre fils et filles de la province et soumettre les résolutions à qui de droit pour institutionnalisation ;
  7. Relocalisation des camps militaires et policiers situés dans les cités en créant des nouveaux camps, casernement des militaires et policiers loin des cités, création des nouveaux lotissements urbains et ruraux afin de désengorger la ville de Goma, amoindrir les conflits fonciers et les prix outranciers des propriétés qui deviennent incontrôlables ;
  8. A l’heure de l’Etat de droit, sanctionner sévèrement les magistrats qui trempent dans la corruption et le clientélisme ;
  9. Assainir le climat des affaires en encourageant, organisant, subventionnant et protégeant les commerçants et entrepreneurs locaux ;

Tout en vous remerciant pour votre temps si envieux, recevez mon Général nos soutiens ainsi que les encouragements des membres de notre parti politique et la population du Nord-Kivu toute entière.




Job KAKULE

Job KAKULE - 18/06/2021 23:01 - Répondre 

Bien...