Malgré les efforts diplomatiques en cours, Kinshasa réitère que « le Rwanda est l'une des causes profondes de l'insécurité en RDC »

Saluée unanimement et présentée comme "une étape importante vers une issue pacifique à la crise en cours en RDC", la signature le samedi 19 juillet dernier à Doha d’une déclaration de principes entre le gouvernement congolais et le M23 sous la médiation du Qatar devant conduire à un accord de paix global, est au centre de l’attention de l’opinion nationale et internationale.

Revenant sur les différentes dispositions contenues dans cette déclaration au cours d’un briefing de presse tenu le lundi 21 juillet à Kinshasa, le ministre de l’intérieur de la RDC, Jacquemain Shabani, a expliqué que celle-ci rentre dans la continuité des efforts diplomatiques en cours, comme l’accord de paix de Washington, visant à parvenir à une issue pacifique à la crise en cours en RDC.

Jacquemain Shabani, qui était à Doha avec son homologue rwandais Vincent Biruta pour une réunion de renforcement de la coopération entre les deux pays, « a présenté le Rwanda comme l’une des causes profondes de l'insécurité en RDC », signifiant qu’il faut mettre fin à ces causes profondes.

Controverse autour de la restauration de l’autorité de l’Etat

Alors que le M23 affirme qu’il représente l’Etat dans les zones qu’il occupe affirmant même qu’il aura la charge de restaurer l’autorité de l’Etat dans le reste du pays où le régime de Tshisekedi peine à l’imposer, le ministre de l’intérieur a réitéré l’interprétation du gouvernement congolais de cette disposition précise assurant que la restauration de l’autorité de l’État telle qu’énoncée dans la déclaration de principes de Doha implique le rétablissement de l’administration publique dans les territoires sous contrôle du M23 « afin de réaffirmer la souveraineté de l’État et d’assurer la gouvernance effective dans ces zones. »

Enfin, Jacquemain Shabani a assuré dans le cadre des mesures de confiance entre les deux parties, les personnes détenues seront libérées de part et d'autre : « Cela va consister de part et d'autre que nous puissions poser des actes qui vont renforcer la confiance, la volonté des parties à mettre en application l'accord de paix. Il pourra s'agir par exemple de la libération des prisonniers de part et d'autre », a-t-il expliqué indiquant qu’il y a par exemple des militaires des FARDC et même certains civils, responsables de l'administration publique, acteurs politiques et défenseurs des droits de l'homme qui se trouvent dans des conditions de détention en RDC ou au Rwanda.

Un accord de paix fragile, l’option militaire en perspective

Il faut dire que parmi les points saillants de cette déclaration de principes, seul celui portant sur la libération des prisonniers de guerre ou politique semble être accepté par les deux parties.

Celui portant sur la restauration de l’autorité de l’Etat divise clairement les deux parties, ce qui laisse craindre le non aboutissement de ce processus ou même la non effectivité d’un éventuel accord de paix qui doit être signée avant sa signature le 17 août 2025.

Sur X, Bertrand Bisimwa, président du M23 et coordonnateur adjoint de l’Alliance Fleuve Congo, le mouvement politico-militaire qui le parraine, a réitéré avant même le début du dialogue proprement dit annoncé à Doha « qu’il ne sera nullement question du départ de son mouvement du pays » : « A Doha, nous négocions les conditions favorables pour que chaque citoyen vive tranquillement dans notre pays. C’est des questions de gouvernance qui sont mises en causes ici », a-t-il déclaré affirmant que le M23 ne va œuvrer pour son départ du pays « ni sur le champ de bataille ni sur la table de négociations. »

Et pour certains analystes, les divergences manifestes dans l’interprétation de cette déclaration de principes par les deux parties cache mal leur véritable intention de réactiver l’option militaire.




Joseph Seven

Joseph Seven - 22/07/2025 18:49 - Répondre 

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