L'AFC/M23 dit être indigné par la décision du gouvernement congolais de suspendre la gratuité de l'enseignement dans les territoires qu’il contrôle comme les villes de Goma et Bukavu.
Dans un communiqué publié ce jeudi 4 septembre 2025 et signé par son sécrétaire permanent Benjamin Mbonimpa, le mouvement rebelle qui souligne que la gratuité de l’enseignement est soutenue en grande partie par la Banque Mondiale, fait remarquer que celle-ci a longtemps été « un slogan politique utilisé par le régime de Kinshasa pour escroquer moralement la population et amadouer les bailleurs des fonds. »
L'AFC/M23 fait par ailleurs remarquer que faute des mesures d'accompagnement liées à la mauvaise gouvernance et au détournement permanent, ce programme connaît de graves lacunes notamment que sont notamment son caractère sélectif dans la location des primes et salaires des enseignants ; le manque des frais de fonctionnement et d'entretien des infrastructures d'enseignement ; la défaillance dans la paie des enseignants ; la non rémunération du personnel administratif ou encore l'inexistence de la formation continue.
Il affirme ainsi qu’en suspendant la gratuité de l’enseignement, financée dernièrement à hauteur de plus de 950 millions de dollars américains pour l’ensemble des 26 provinces de la RDC ; le régime de Kinshasa trahit les engagements internationaux auxquels il a souscrit : « Cette trahison démontre clairement une volonté politique, celle d'affaiblir l'Est du pays, d'étouffer son potentiel humain et, in fine, briser l'unité et la cohésion nationales », indique l'AFC/M23 qui alerte par ailleurs sur le fait que l'école congolaise est devenue la nouvelle ligne de front pour le gouvernement congolais.
ALLIANCE FLEUVE CONGO (AFC/M23) COMMUNIQUÉ OFFICIEL DU 4 SEPTEMBRE 2025 ⤵️ pic.twitter.com/wBq6B7Tmwr
— Lawrence KANYUKA (@LawrenceKanyuka) September 4, 2025
Près de 2 millions d'élèves et plus de 30.000 enseignants concernés
« En attaquant l'éducation, ce régime s'attaque à l'avenir même de la nation », poursuit le mouvement rebelle qui estime que « cette décision est inique, inhumaine et antisociale, et constitue même un crime contre l'humanité. »
« Elle est une violation grave des droits humains, spécialement, des droits de l'enfant garanti par la Constitution de la RDC et les différentes Conventions Internationales dont, celles exécutées par l'UNICEF et ratifiées par notre pays », ajoute l'L'AFC/M23 qui précise qu’à ce jour ce sont 15.177 enseignants au Nord-Kivu pour 532.990 élèves répartis dans 12.695 classes, et 17.123 enseignants au Sud-Kivu pour 939.822 élèves, répartis dans 21,101 classes qui en sont victimes.
« L'AFC/M23 appelle la communauté nationale et internationale à prendre acte de cette dérive et à se tenir aux côtés des populations de l'Est, injustement sanctionnées pour des raisons purement politiques. L'avenir de la RDC ne peut être hypothéqué par l'amateurisme d'un pouvoir illégitime », conclut le mouvement rebelle qui dit avoir fait un choix de responsabilité pour défendre les droits de enfants et leur léguer un pays plus beau qu'avant.
Une tentative de rétropédalage du gouvernement congolais
Un peu plus tôt, l'AFC/M23 qui a rendu effective la rentrée scolaire 2025-2026 le lundi 1er septembre 2025 dernier à Goma, à Bukavu et dans d’autres entités sous son contrôle ; a fait savoir qu’il poursuivra avec la gratuité de l’enseignement malgré sa suspension par le gouvernement congolais.
Il a ainsi fixé les frais de scolarité dans les écoles publiques et privées agréées pour l’année 2025-2026 ; une « contribution parentale comprise entre 24.000 et 30.000 FC par élève et par an pour les frais de fonctionnement. »
Et dans une attitude de rétropédalage, le gouvernement congolais, qui « n’a pas clairement indiqué la cause de cette décision se limitant à dire que l''AFC/M23 impose aux parents d’élèves le paiement des frais de scolarité dans les écoles publiques en violation du principe constitutionnel de gratuité de l’enseignement », a finalement fait savoir qu’il assurera pleinement, sur tout le territoire national, le financement de des frais de fonctionnement, des salaires et des primes liés à la mise en œuvre effective de la gratuité pour tous les enseignants, bureaux gestionnaires et établissements concernés. »
#CommuniquéMINEDUNC pic.twitter.com/3NPsv1ggXX
— Ministère de l'Education Nationale-NC (@MinisterEDU_NC) September 3, 2025
Reste à savoir si les deux parties s’accorderont sur les modalités pratiques de ce programme dans les zones occupées.