Par Claudel Lubaya
Quelle que soit la gravité des faits reprochés à Kamizelo, la responsabilité politique du président Tshisekedi est pleinement engagée.
Les actes constitutifs du supplice infligé à Kamizelo ont été perpétrés par le Conseil national de cybersécurité (CNC), un service expressément placé, en vertu de l’ordonnance portant sa création, sous l’autorité politique directe du chef de l’État.
Cette ordonnance établit sans ambiguïté un lien de subordination institutionnelle entre le CNC et le Président de la République, excluant toute autonomie fonctionnelle ou responsabilité diffuse.
Dès lors, les violations commises par le CNC - arrestation arbitraire, humiliation publique, traitements dégradants - ne peuvent être qualifiées de dérives individuelles ou d’abus isolés.
Elles constituent des actes imputables à l’autorité politique suprême, engageant la responsabilité du Président tant au regard du droit interne que des normes internationales relatives aux droits humains.
Par voie de conséquence, le président Tshisekedi porte la responsabilité politique du traitement infligé à Kamizelo, citoyen congolais soumis à un supplice qui ne repose sur aucun fondement légal et qui sanctionne, de manière punitive et exemplaire, l’exercice de sa liberté d’expression, pourtant garantie par la Constitution et les instruments internationaux ratifiés par la République démocratique du Congo.
En droit comme en fait, il s’agit de l’illustration d’une violence d’État organisée, rendue possible par un dispositif institutionnel placé hors de tout contrôle et directement rattaché à la Présidence.
Une telle configuration engage la responsabilité personnelle du chef de l’État et révèle une rupture manifeste avec les principes de l’État de droit.
L’exposition publique d'opposants, la dégradation symbolique et la théâtralisation de la culpabilité rappellent directement les procès-spectacles orchestrés sous Joseph Staline dans l’ex-URSS, où les opposants politiques étaient exhibés, humiliés et contraints à des aveux publics, non pour rendre justice, mais pour produire un effet politique.
Ces procès n’avaient pas pour fonction d’établir la vérité, mais de discipliner la société, d’intimider toute dissidence et de démontrer la toute-puissance du régime.
Un pouvoir qui emprunte aux méthodes des procès staliniens ne peut plus se prévaloir d’aucune légitimité démocratique.
Il révèle au contraire sa dérive autoritaire assumée, et son incapacité à gouverner autrement que par l’intimidation et la violence symbolique.
Ce qui est en jeu dépasse largement un cas individuel de Kamizelo.
Il s’agit d’un signal politique inquiétant : la normalisation de pratiques historiquement associées aux pires formes de répression étatique.
Refuser de les nommer, c’est accepter leur retour. Les dénoncer, c’est défendre la dignité humaine contre sa transformation en outil de domination politique.
Par Claudel Lubaya