Ce jour-là, 9 novembre comme aujourd'hui, mais en 1989, sous la pression populaire, mais aussi grâce à un quiproquo, le mur de Berlin réputé infranchissable s’effondre en quelques heures. 

En effet, depuis le 13 août 1961, le Mur de Berlin est un édifice qui sépare sépare l'Allemagne de l'Est à celle de l’Ouest.

Deux mètres de hauteur, des parpaings, une clôture de barbelés, du sable…

Le Mur court sur 165 km de long. Il est surveillé par 14.000 gardes-frontières, 290 miradors, 131 bunkers fortifiés, tout un arsenal de dispositifs "anti-fuite" très sophistiqués, rendant son franchissement quasiment impossible.

À l’Est, il est peint en blanc, à l’Ouest, couvert de graffitis. 

Mais dans l'Allemagne de l'Est (communiste), des manifestations (les "Montagsdemonstrationen") ont lieu chaque lundi, et chaque fois, des dizaines de milliers de citoyens se rassemblent : la liberté de mouvement cristallise leurs revendications.

Ce 9 novembre 1989, Günter Schabowski ne sait pas qu’il s’apprête à entrer à jamais dans l’Histoire.

Ancien journaliste devenu porte-parole du comité central du SED (le parti communiste dirigeant l’ex-Allemagne de l’Est), prend la parole et énumère alors devant des médias internationaux les dernières décisions du régime, censées permettre de répondre à des mois de manifestations massives.

Parmi les mesures annoncées, une nouvelle législation sur les voyages, qui permet à tous les ressortissants est-allemands de déposer une demande d’autorisation de sortie du territoire.

C'est là qu'un journaliste lui demande "A partir de quand?".

Günter Schabowski, qui n'a vraisemblablement pas de réponse, va improviser (Il n’avait pas lu le texte jusqu’au bout, et n’avait pas encore vu que l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure était fixée au lendemain 4 heures du matin) en lâchant "Autant que je sache… immédiatement, sans délai." Il est 18h53.

A 20 heures, le journal télévisé est-allemand "Aktuelle Kamera" transmet l’information.

Elle est ensuite diffusée en ouverture du JT de l’ARD, la première chaîne ouest-allemande, captée à l’Est.

Incrédules, un peu ahuris par la nouvelle, ils ne sont que quelques-uns à s’aventurer vers le Mur aux alentours de 20h30.

Les gardes ne savent pas s’ils doivent les laisser passer.

A 23h30, quelques heures après les mots lâchés par Schabowski, l’officier Harald Jager va lui aussi entrer dans l’Histoire.

Devant l’absence de consignes de ses supérieurs, il cède sous la pression et envoie un message à sa hiérarchie : "J’ouvre."

C'est là que les barrières se lèvent. Il y a une foule impressionnante. C’est la cohue.

La ruée est indescriptible. Les citoyens affluent des deux côtés du mur.

Euphoriques, Allemands de l’Est et de l’Ouest, eux aussi venus voir de près l’évènement, tombent dans les bras des uns des autres.

Personne n’a besoin de visa, juste un coup de tampon à l’encre violette placé à côté de la photo d’identité. C’est l’heure des embrassades et des embouteillages.

De toute part, on savoure ce goût nouveau de liberté qui flotte dans l’air. 

La fête va durer jusqu’au petit matin. On chante, on danse…

Personne n’oubliera cette longue nuit incroyable et inespérée qu'aucun chef d’Etat n’avait vu venir.

Ce jour-là, personne ne comprendra d'ailleurs pas tout de suite le séisme politique que l’événement va provoquer.

C'est ainsi que tombait le Mur de Berlin.

(Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd)




Samuel ABIBA

Samuel ABIBA - 11/11/2021 15:27 - Répondre 

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