
Des tirs nourris ont semé la panique au poste frontalier de Kasindi dans le territoire de Beni le lundi 7 juillet dernier.
À l’origine de la confusion, la découverte par la population locale d’une arme de type AK-47 dans un véhicule accidenté, de marque Nissan et de couleur grise.
Selon un communiqué de la Police Nationale Congolaise (PNC), commissariat de Kasindi ; les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser une foule en colère après que ce véhicule a percuté taximan moto transportant un passager dans le centre de cette cité frontalière.
En réaction, des habitants ont tenté d'incendier le véhicule impliqué et de s’en prendre physiquement aux occupants avant que la police n’intervienne en arrêtant le chauffeur et son collègue, tout en sécurisant le véhicule.
Toujours selon la police, deux hommes en tenue civile se trouvaient à bord du véhicule.
Ces derniers, ainsi que la voiture et l’arme saisie, ont été remis aux services de sécurité compétents.
Des militaires dans l’ombre
Le fonctionnaire délégué du gouverneur à Kasindi a confirmé que les deux occupants du véhicule étaient en réalité des militaires des FARDC, chargés de la garde rapprochée d’une épouse d'un officier de la PNC basé à Beni.
Il a par ailleurs démenti les rumeurs faisant état de la présence de bandits dans le véhicule.
Ce que révèle la feuille de route
Cependant, Grands Lacs News a pu consulter, grâce à une source au sein des services de sécurité, une copie de la feuille de route officielle de la mission.
Celle-ci mentionne une mission d’accompagnement de l’épouse du commandant du commissariat urbain de Beni vers Kasindi pour des raisons sociales.
Le document, établi au nom du commissaire Kahuma Lemba Sébastien, ne fait cependant aucune mention ni de la présence des militaires à bord, ni de l’escorte armée prévue encore mois de l’arme de type FAL, numéro Fcod7, 62FAL, 19732060813677 qui contenait 19 munitions, retrouvée dans le véhicule ; ni même du numéro de sortie de la mission auprès du secrétariat de la PNC.
Des intrus dans la mission ?
Un autre nom cité intrigue : Fabrice Wokovu, présenté comme un percepteur civil au sein de l’auditorat militaire de Kasindi.
Son nom est régulièrement associé à des situations sécuritaires troubles, notamment à Mutwanga, chef-lieu du secteur de Rwenzori.
« Un groupe de bandits a été arrêté et ils ont cité M. Fabrice comme leur chef », confie une source sécuritaire sous anonymat.
Dans un contexte d’insécurité croissante à Kasindi, cette affaire soulève de nombreuses questions au sein de la population.
Appel à la rigueur
Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), section de Kasindi, a réagi dans un communiqué publié ce mercredi 9 juillet 2025.
Il dénonce une complicité manifeste de certains agents postés aux points de contrôle, facilitant, selon lui, l’entrée d’armes dans la région.
« Le manque de rigueur dans les contrôles de sécurité a montré ses limites, en laissant passer un véhicule armé », déplore le mouvement.
Une affaire à suivre
Cette affaire met en lumière les failles dans les dispositifs de sécurité et soulève la question du détournement des missions officielles à des fins opaques.
Alors que les autorités tentent de calmer les esprits, la population attend des réponses claires et une enquête indépendante sur les circonstances exactes de cette opération.
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