
Les neiges éternelles du Mont Rwenzori à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, reculent à un rythme inquiétant.
Malgré des précipitations encore importantes, les glaciers fondent sous l’effet combiné du changement climatique et des pressions humaines.
L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) tire la sonnette d’alarme face à l’exploitation illégale des ressources, à l’occupation des zones protégées et au braconnage qui menacent cet écosystème fragile.
Kitsa Mbahingana Gervais, ancien guide touristique originaire du village de Kalevya, se souvient de l’époque où la neige dominait les sommets du Rwenzori et témoigne : « Quand j’étais en 5ème et 6ème années secondaires à l’Institut Rwenzori, je portais les bagages des touristes qui montaient voir la neige. À l’époque, la montagne entière était blanche », raconte-t-il.
Il ajoute avoir participé à une trentaine d’expéditions en haute altitude, atteignant environ 300 mètres sur la glace, mais constate aujourd’hui avec amertume la disparition quasi totale des neiges.
La neige, pilier de la vie locale
L’on signale que la présence de la neige et des glaciers joue un rôle essentiel pour l’équilibre écologique et économique des communautés locales.
Aussi, elle influence le climat, régule les cours d’eau et soutient l’agriculture ainsi que l’élevage : « Avant, la communauté avait assez de nourriture qu’elle vendait aux étrangers et aux voyageurs. La vie était bonne pour notre région », témoigne Gervais Kitsa.
Notez que l’effacement des glaces entraîne aujourd’hui des perturbations majeures dont l’augmentation des températures, la raréfaction des ressources en eau et la dégradation des sols agricoles.
Une mobilisation communautaire en réponse
Face à ces défis, cet ancien guide touristique, tout comme d’autres habitants du village de Kalevya, se sont engagés dans la gestion durable des ressources naturelles via la concession forestière communautaire Kyakaba qui regroupe plusieurs villages du secteur : « Être chef, c’est aussi protéger notre forêt, nos plantes médicinales et notre territoire », explique-t-il.
Il assure par ailleurs qu’un comité local mène des actions de sensibilisation, de reboisement et promeut des pratiques agricoles durables pour limiter l’impact humain.
Des initiatives concrètes pour réduire la pression sur la forêt
Et parmi les mesures adoptées, il y a la construction de foyers améliorés et de fours traditionnels permettant de réduire la consommation de bois de chauffe : « Nous les construisons ensemble, en groupe. Ces outils réduisent les besoins en bois et facilitent la vie des femmes », poursuit Gervais Kitsa qui ajoute que des haies et des arbres ont été plantés autour des habitations dans le cadre d’un programme de restauration écologique.
L’alerte de l’ICCN sur les menaces multiples
L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature signale de son côté que la déforestation illégale, l’extension des cultures, l’urbanisation anarchique et le braconnage pèsent lourdement sur la biodiversité du massif du Rwenzori et du Parc national des Virunga.
Il indique que ces activités humaines « aggravent le recul des glaciers, déjà affectés par le changement climatique. »
Il faut dire que la disparition des neiges du Rwenzori ne concerne pas seulement les populations riveraines.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce massif est une source d’eau vitale et un refuge pour une biodiversité unique.
La mobilisation des communautés locales, bien qu’encourageante, nécessite un soutien plus large pour préserver ce patrimoine naturel.
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