Bernard Byamungu Maheshe remet les pieds à Uvira, 13 ans après avoir quitté cette ville… en prisonnier.

Ironie du sort : la vidéo est tournée devant la Mairie d'Uvira, à peine une centaine de mètres du lieu où, il y a 13 ans, l'Auditorat militaire de la garnison d'Uvira avait prononcé contre lui la condamnation à perpétuité et sa radiation des FARDC.

Entre 2009 et 2012, Bernard Byamungu (alors Colonel) était le chef de l'armée congolaise dans toute la région d'Uvira. Il était à la tête du 9ème Secteur Opérationnel des FARDC.

En avril 2012, il prend part à la mutinerie déclenchée par d'anciens éléments du CNDP (dont il faisait partie) intégrés aux FARDC depuis 2009.

À Uvira et à Fizi, la mutinerie tourne court : Bernard Byamungu, accompagné d'une dizaine de ses compagnons, est arrêté.

Le reste du groupe parvient toutefois à se replier vers le Nord-Kivu, où ils se retrouvent et donnent rapidement naissance à ce qui deviendra la rébellion du M23.

Le 30 mai 2012, une Cour militaire spéciale, constituée pour juger les mutins, rend enfin son verdict. C’est probablement l'un des rassemblements les plus impressionnants qu'Uvira ait jamais connus.

Des milliers d'habitants étaient massés devant le bâtiment de l'Auditorat militaire ce jour-là, suspendus aux mots qui allaient sceller le sort de celui qui, jusqu'alors, était le numéro un de toute l'armée congolaise à Uvira.

Sur cette photo prise ce jour-là, on aperçoit Bernard Byamungu, en tête de la liste des accusés, attendant d'entendre sa sentence
Sur cette photo prise ce jour-là, on aperçoit Bernard Byamungu, en tête de la liste des accusés, attendant d'entendre sa sentence

Les peines prononcées seront d’une sévérité exemplaire : (a) la perpétuité pour les 8 meneurs du mouvement, parmi lesquels le Colonel Bernard Byamungu et leur radiation des rangs des Forces armées de la RDC.

Tous furent, après le prononcé du verdict, acheminés à Bukavu, avant d'être transférés à Kinshasa, à la prison militaire de Ndolo. 
8 ans après, le président Félix Tshisekedi, à la suite de son deal avec le M23, le libère de prison. Et la suite est connue de tous !

13 ans plus tard, en repassant devant la Mairie d'Uvira, et surtout en longeant le bâtiment de l'Auditorat militaire d'Uvira, l'homme n'a certainement pas pu échapper au souvenir brutal de cette scène du 30 mai 2012, lorsque de simples soldats l'avaient saisi, dépouillé de ses galons et de son uniforme, au moment où tombait le verdict.