Ce jour-là, 17 novembre comme aujourd'hui, mais en 1993, Sani Abacha se proclame chef de l’État au Nigéria.

D’origine kanouri, né à Kano, en milieu Haoussa, au nord du Nigeria, Sani Abacha est diplômé du Collège de formation militaire de Zaria en 1963 et devient capitaine en 1967.

Il est l’un des principaux acteurs des putschs militaires contre le président civil Shehu Shagari (1983) et le général Muhammadu Buhari (1985) qui amènent le général Ibrahim Babangida au pouvoir, et dont il restera un précieux collaborateur.

Le 27 août 1993, lorsque Babangida démissionne après avoir annulé les résultats d’une élection présidentielle démocratique, dont le candidat civil Moshood Abiola était sorti vainqueur, Abacha est nommé ministre de la Défense d’un gouvernement de transition installé par Babangida.

Et ce 17 novembre 1993, Abacha se proclame chef de l’État, supprime toutes les institutions démocratiques et remplace de nombreux fonctionnaires civils par des chefs militaires. Il nomme un Conseil de gouvernement provisoire constitué essentiellement de généraux et de fonctionnaires de police, qui doit superviser un Conseil exécutif fédéral, constitué de civils en vue.

Sani Abacha était un homme extrêmement brutal qui a fait éliminer physiquement des milliers de personnes. Il aurait à plusieurs reprises tenté de faire assassiner le prix Nobel de littérature 1986, Wolé Soyinka. Abacha a détourné des milliards de dollars. Alors qu'il se présentait comme un grand patriote, le général président plaçait le produit de ses forfaits en Suisse. Aujourd'hui encore, le contentieux qui en est né alors n'est pas réglé avec Berne.

En 1995, la pendaison de l'écrivain Ken Saro Wiwa et de huit autres militants ogoni opposés à la politique pétrolière menée dans la région, est dénoncée par Wole Soyinka, entraînant l'isolement diplomatique du Nigeria.

Alors que le pays sombre dans la misère et la corruption, Abacha meurt, le 8 juin 1998, d'une crise cardiaque (raison officielle), décès suivi, un mois plus tard, en prison, de celui d'Abiola.

(Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd)