
En l’espace de dix jours seulement, depuis le début du mois de juillet, au moins trois cas de violences sexuelles graves ont été enregistrés dans les localités de Mangina et Visiki-Mambombo dans le territoire de Beni.
Ces agressions ciblant des femmes et des fillettes rappellent à nouveau les profondes failles sécuritaires, sociales et judiciaires dans cette partie de la RDC.
Dans un quartier de Mangina, une fillette de moins de quatre ans a été agressée sexuellement dans un stade scolaire par un homme présenté comme un enseignant dans une école publique.
L’agresseur présumé a été arrêté par la population avant d’être transféré à Beni, tandis que l’enfant a été admise d’urgence dans un centre de santé local.
Quelques jours après, à Visiki-Mambombo, dans le secteur de Beni-Mbau cette fois ; une femme a été attaquée alors qu’elle transportait du bois.
Menacée avec un couteau par un ancien rebelle démobilisé, elle a été agressée sexuellement en pleine brousse, sans qu’aucune aide n’arrive à temps.
L’auteur a fui et reste toujours introuvable.
Enfin, dans un autre quartier de Mangina, une fillette de 10 ans a été agressée dans la soirée du 6 juillet par un adulte.
Le dossier a été enregistré et confié à la police judiciaire pour instruction.
Des drames en cascade, un silence qui persiste
Ces cas, enregistrés entre le 29 juin et le 8 juillet 2025, traduisent une réalité choquante dans le territoire de Beni : celle de l’exposition extrême des femmes et enfants aux violences sexuelles, combinée à une lenteur judiciaire inquiétante et à l’absence de mécanismes de prévention efficaces.
Dans plusieurs villages, les victimes se retrouvent isolées, sans réel accès à la justice, à un accompagnement psychologique ou à un cadre de plainte sécurisé.
Plusieurs recommandations essentielles par des leaders communautaires ont été proposées aux autorités locales pour enrayer le fléau.
C'est le cas de l'ONG Femme Solution pour le Changement qui estime que face à cette recrudescence de cas de violence sexuelle, des mesures concrètes et urgentes doivent être mises en œuvre à tous les niveaux.
Elle avance notamment le renforcement de la vigilance communautaire, en encourageant les populations à dénoncer sans peur et à soutenir les survivantes.
Il y a aussi l’installation des cellules d’écoute locales pour favoriser les signalements rapides et discrets ; la mise en place d’une prise en charge médicale et psychologique gratuite, confidentielle et adaptée aux victimes ainsi que l’accélération les poursuites judiciaires afin que les auteurs présumés soient identifiés, arrêtés et jugés sans délais.
L'ONG Femme Solution pour le Changement préconise également de soutenir les campagnes de sensibilisation notamment en milieu scolaire pour prévenir les agressions et casser la loi du silence ainsi que d’associer les ONG locales et internationales afin d’assurer un appui logistique, psychosocial et juridique aux communautés exposées.
Une société et ne justice à réveiller
Les faits survenus durant ces dix premiers jours de juillet ne doivent pas être laissés dans l’oubli.
Ils interrogent la capacité collective à protéger les plus vulnérables et à faire face à un crime qui détruit des vies et déstabilise les familles.
« Chaque silence face à un viol est une défaite de la dignité humaine. Chaque inaction renforce l’impunité », interpelle Shamimu Binti Rachid, responsable de l’ONG Femme Solution pour le Changement.
Pour elle, « il est temps que la justice parle, que les communautés se lèvent, et que les décideurs agissent, pour que Mangina, Visiki et tout le territoire de Beni cessent d’être des terres de silence et de souffrance. »
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